Il existe un lien étroit entre une flore intestinale saine et la santé de l’Homme. Alimentation, compléments alimentaires, diminution du stress mais aussi exercice: telles sont les possibilités pour influencer et optimiser le microbiote, c’est-à-dire les bactéries qui se trouvent dans l’intestin. Le texte suivant, du Centre de check-up Hirslanden de Zurich, nous explique le contexte et nous donne quelques conseils pour une bonne santé intestinale.

D’après certaines estimations, notre intestin comporte jusqu’à 100 billions de bactéries, dont plus de 500 espèces différentes. On compte ainsi plus de bactéries dans l’intestin qu’il n’existe de cellules dans le corps humain. On désigne l’ensemble de ces bactéries par le terme de microbiote intestinal.

Chacun connaît ou a déjà rencontré les symptômes associés à l’intestin. Ils vont de la diarrhée à la constipation, de l’allergie alimentaire au syndrome du côlon irritable. Les interactions entre l’environnement, le microbiote et la santé sont complexes.

La vie industrialisée moderne est caractérisée par une mauvaise alimentation, un manque d’exercice, du stress, un rythme biologique déréglé et des antibiotiques. De ce fait, le nombre «d’habitants utiles de l’intestin» diminue tandis que les bactéries néfastes viennent coloniser les niches ainsi formées.

Le rôle du microbiote intestinal

Nos bactéries utiles nous aident à fractionner les glucides et fibres de notre alimentation. Beaucoup l’ignorent, mais avec ses bonnes bactéries, l’intestin peut aussi fabriquer lui-même des vitamines supplémentaires comme les vitamines B1, B6, B12, l’acide folique, la biotine, la vitamine K ainsi que différents acides aminés. En formant des enzymes de détoxication, les bactéries utiles nous protègent des substances toxiques telles que le mercure, les pesticides et autres polluants issus de l’environnement. Elles régulent également les selles et le péristaltisme intestinal. Par «péristaltisme», on entend certains mouvements, par exemple de l’œsophage ou de l’intestin, pour transporter leur contenu.

Les répercussions du déséquilibre de la flore intestinale sur la santé

Les facteurs suivants influencent la colonisation bactérienne naturelle de l’intestin:

  • Qualité de la colonisation dans les jeunes années
  • Trop de sucre
  • Trop peu de fibres fermentescibles, c’est-à-dire des fibres alimentaires bien dégradées par les bactéries intestinales et qui peuvent être transformées en de précieux micronutriments
  • Médicaments tels que les antibiotiques
  • Stress, burn-out, âge, maladies
  • Césarienne
  • Pas d’allaitement ou allaitement court

Dès les toutes premières phases de la vie, l’environnement commence à influencer la flore intestinale. Dans le même temps, un microbiote intestinal stable et riche est déterminant pour une physiologie normale de l’intestin pendant toute la vie. L’intestin est étroitement lié au cerveau. On parle aussi d’un axe intestin-cerveau. La communication s’établit par les systèmes nerveux, les hormones et les substances du système immunitaire, qui transmettent des informations au cerveau et inversement. Le développement du cerveau peut donc être influencé par la flore intestinale. Le microbiote intestinal favorise ainsi la santé physique et psychique (influence sur le système immunitaire).

Le déséquilibre du microbiote intestinal peut entraîner des conséquences négatives pour de nombreux processus du corps:

  • Digestion: entérocolite (inflammation combinée de l’intestin grêle et du côlon), septicémie (infection du sang), troubles gastro-intestinaux, constipation
  • Système immunitaire: allergies, eczéma, maladie de Crohn, maladie cœliaque
  • Système nerveux: coliques, stress, troubles du comportement, troubles neurologiques
  • Poumons: asthme, bronchite, BPCO

Alimentation pour une flore intestinale saine

Si nous voulons rétablir correctement notre flore intestinale, nous devons apporter des changements à notre hygiène de vie. Il s’agit en premier lieu de changer d’alimentation: elle devrait être principalement composée de viande maigre et de volaille, de poisson (gras), d’œufs, de légumes, de céréales complètes, de noix, de fruits, de baies, de graines et de champignons. Une telle alimentation est riche en fibres, celles-ci constituant la principale source d’alimentation des bactéries utiles. Un excès de glucides facilement assimilables et riches en énergie (sucre, pâtes, pain blanc, etc.) stimule la prolifération de bactéries néfastes et déséquilibre ainsi le système immunitaire.

La consommation de yaourts probiotiques, de produits à base de lait caillé comme le babeurre, le kéfir et la choucroute soutient la flore intestinale de façon naturelle, de telle sorte qu’il n’est pas impératif d’ajouter des compléments alimentaires.

Exercice et flore intestinale

Les études actuelles montrent que le microbiote réagit à l’exercice physique, avec diverses répercussions positives sur la santé. De manière générale, l’exercice donne lieu à une meilleure irrigation sanguine du corps et donc de l’intestin. L’apport en nutriments est donc mieux garanti. En outre, l’exercice influence de manière positive les mouvements intestinaux si bien que les excréments ne restent pas inutilement longtemps dans le corps. L’exercice peut augmenter le nombre de bactéries utiles dans l’intestin et donc la diversité de la flore intestinale.

Une variété positive de bactéries peut aussi contribuer à une perte de poids et à une amélioration des troubles gastro-intestinaux. Les bactéries ont un effet positif sur la fonction barrière de la peau et diminuent le risque d’obésité et de troubles métaboliques.

La bonne santé commence dans l’intestin. Et une fois de plus, une bonne alimentation comportant beaucoup de fibres et peu de sucre en constitue la base. Mais il faut aussi régulièrement se préoccuper de thèmes tels que l’exercice et la gestion du stress.

Auteures:
Manuela Kobelt, M.Sc. Sciences de l’exercice et du sport ETH, ancienne collaboratrice chargée de la prévention, et Carina Uihlein, spécialiste diplômée du sport (prévention et réadaptation), collaboratrice chargée de la prévention, Centre de check-up Hirslanden Zurich (en allemand).

Sources:

  • Browne et al., Microbiota in Health and Disease: from pregnancy to childhood, Wageningen Academic Publishers (2017), pp. 17-35.
  • Monda et al., Exercise modifies the Gut Microbiota with Positive Health Effects, Oxidative Medicine and Cellular Longevity, 2017
  • Manheimer et al., Paleolithic nutrition for metabolic syndrome: systematic review and meta-analysis.
    Amarican Journal of clinical nutrition, 2015
  • Morrison et al., Formation of short chain fatty acids by the gut microbiota and their impact on human metabolism, Gut Microbes, 2016