Même si le cancer de l’ovaire (carcinome ovarien) ne constitue que 3 % de toutes les tumeurs malignes chez la femme, il contribue à une mortalité due au cancer très élevée chez la femme (tous cancers confondus): plus de 5 %. Cette maladie constitue un défi médical important qui demeure non résolu.

Il a récemment été annoncé que le cancer de l’ovaire pouvait être dépisté par une analyse sanguine, à l’instar du dépistage du cancer de la prostate par le dosage du taux de PSA chez l’homme. Toutefois, l’efficacité de ce test reste à confirmer.

Les troubles ne surviennent généralement qu’en cas de cancer de l’ovaire avancé

Le problème du cancer de l’ovaire, c’est qu’il ne présente pas de signes (symptômes) caractéristiques et que cette maladie propage des cellules tumorales directement dans toute la cavité abdominale. La pathologie est donc très rapidement étendue et il n’est généralement plus possible de retirer complètement la tumeur et ses métastases par voie chirurgicale. Bien que cette maladie survienne le plus souvent à la soixantaine, de jeunes femmes sont aussi concernées. La plus jeune de mes patientes atteintes de cancer de l’ovaire avait tout juste 16 ans!

Les jeunes femmes peuvent aussi être concernées par le cancer de l’ovaire

Le dépistage précoce constitue malheureusement l’exception; souvent, les premiers troubles abdominaux provoqués par la rétention d’eau (ascite) ou les douleurs diffusées entraînées par la croissance de la tumeur sur la paroi pelvienne n’amènent le médecin à poser le bon diagnostic. Malheureusement, le stade de la maladie est à ce moment-là déjà avancé.

Comment obtenir un dépistage précoce?

Toute augmentation de volume d’un ovaire doit être diagnostiquée par une laparoscopie et un prélèvement de tissus en fonction de l’âge de la patiente. Un gynécologue expérimenté peut constater une telle augmentation de volume par palpation lors de l’examen annuel, éventuellement en procédant en plus à une échographie.

Les femmes en âge de procréer présentent souvent des kystes liés aux cycles (kyste folliculaire avant l’ovulation, kyste du corps jaune avant les règles); dans ce cas, un contrôle régulier est nécessaire plutôt qu’un examen immédiat. On appelle ces augmentations de volume au niveau des ovaires des kystes fonctionnels, qui disparaissent généralement avec l’arrivée des règles. C’est la raison pour laquelle il faut impérativement procéder à un contrôle (examen de palpation/échographie) après les règles pour constater si le problème se résorbe spontanément, ce qui est le cas dans 90 % des cas. Sinon, il faut procéder à d’autres examens de diagnostic pour déterminer la cause du problème.

Les augmentations de volume au niveau des ovaires qui ne sont pas liés à des kystes et qui présentent un contenu irrégulier (parties solides et liquides) doivent aussi faire l’objet d’un examen chez les jeunes femmes. Chez les femmes ménopausées, toute augmentation de volume au niveau des ovaires doit faire l’objet d’un examen!

Un cancer au caractère insidieux s’il provient des trompes de Fallope

Le problème avec cette maladie, c’est que des ovaires de taille et de forme tout à fait normales peuvent aussi devenir malins. Dans ce cas, le cancer ne vient pas des ovaires mais des trompes de Fallope, depuis lesquelles des cellules malignes sont poussées jusqu’aux ovaires pour s’y déposer, comme des métastases locales, imitant ainsi le schéma d’un cancer de l’ovaire. Cette forme de cancer de l’ovaire, qui doit plutôt être considérée comme une métastase d’un cancer de la trompe de Fallope, est toujours identifiée trop tard. Dans mon cabinet, j’ai eu deux patientes chez qui j’ai constaté par hasard une petite irrégularité au niveau des trompes de Fallope et qui correspondaient à ce schéma pathologique. Un dépistage précoce a ainsi été possible, ce qui constitue toutefois une exception absolue.

Pour toutes les femmes opérées au niveau de l’abdomen et qui ne souhaitent plus d’enfants, il est possible de retirer de manière préventive les deux trompes de Fallope pour éviter cette forme de «cancer de l’ovaire». Cette recommandation s’établit de plus en plus: d’après le «Journal of Cancer Research and Clinical Oncology 2014 Runnebaum et al», «cette petite opération peut prévenir un nombre significatif de carcinomes ovariens».

Du reste, la production hormonale fonctionne normalement après une ablation des trompes de Fallope et la femme n’est pas ménopausée de manière précoce comme c’est le cas lorsqu’on doit retirer les ovaires en raison d’une tumeur.

Comme le cancer de la trompe de Fallope est particulièrement insidieux, j’explique personnellement à toutes mes patientes devant subir un geste chirurgical pelvien qu’elles ont cette possibilité au cours de la même opération. On peut comparer cette démarche à une opération de l’intestin au cours de laquelle on retire l’appendice de manière préventive.

Contact:
Centre d’oncologie gynécologique, Klinik Im Park
Schulhausstrasse 5
8002 Zurich
T +41 78 830 62 27

Auteur: Le Dr Reto Stoffel est spécialiste en gynécologie et obstétrique. Il est spécialisé en gynécologie-obstétrique opératoire et spécialiste en sénologie / médecine du sein. Il a été médecin accrédité à la Klinik Im Park à Zurich avant de prendre sa retraite en 2019.

Apprenez-en davantage sur le thème du cancer de l’ovaire: www.hirslanden.ch/cancer-de-ovaire