L’évolution des techniques opératoires associées au développement du matériel d’imagerie médicale permettent aujourd’hui des interventions mini-invasives d’une extrême précision et favorise la récupération post-chirurgicale des patients. En neurochirurgie, l’apparition de l’imagerie tridimensionnelle (O-arm®) a permis au chirurgien d’affiner son geste opératoire, de limiter la taille des incisions et par conséquent de garantir au patient une sécurité optimale.

La technologie O-arm®, qui permet d’effectuer des images en 3D de l’intérieur du corps des patients durant une intervention, est couplé à un système de navigation ultra précis. Elle offre un aperçu instantané du positionnement des instruments par rapport aux images anatomiques. Dans la chirurgie du dos, notamment lors de la pose de matériel, le chirurgien peut désormais suivre la position de ses instruments, calculer et simuler leur trajectoire en temps réel. Dr Antoine Dinichert, neurochirurgien au Centre du Dos et de Neurochirurgie depuis 2010 à la Clinique La Colline, nous parle des avantages de cette technologie pour le patient.

Quelle technologie était utilisée avant l’arrivée de la captation d’images en 3D?

Dr Antoine Dinichert: Avant la captation d’image en 3D, nous utilisions la fluoroscopie, qui donnait une image anatomique osseuse momentanée, bidimensionnelle. L’anatomie tridimensionnelle pouvait être obtenue par 2 clichés dans des axes différents, puis il s’agissait pour le chirurgien d’effectuer une reconstruction mentale et de se baser sur ses connaissances anatomiques pour mettre en place le matériel. Ceci pouvait dans certains cas mener à un positionnement suboptimal du matériel, notamment lorsque le patient avait une anatomie déformée, comme on le voit régulièrement dans des cas de pathologies dégénératives.

Dans quels types d’interventions utilisez-vous la captation d’images en 3D?

Dr Antoine Dinichert: Nous utilisons cette technologie systématiquement lors de la mise en place de matériel (vis, cages, stents ou ciment) pour des interventions lombaires, thoraciques ou cervicales. Ces parties de l’anatomie recèlent un réseau nerveux extrêmement complexe ainsi que la moelle épinière. Il est donc primordial que le geste opératoire soit d’une extrême précision lors des interventions de neurochirurgie.

Quels sont les bénéfices de cette technologie pour le patient?

Dr Antoine Dinichert: Tout d’abord, l’utilisation de cette technique d’imagerie permet d’obtenir un positionnement du matériel optimal dans 100% des cas. Les potentielles complications liées à un mauvais placement sont donc évitées: lésion neurologique, vasculaire, déplacement des vis et donc une éventuelle reprise chirurgicale etc.

Puis la réduction du temps opératoire est significative. Par conséquent, on obtient une diminution du risque hémorragique, de la quantité d’anesthésiques reçus, du risque infectieux, de la rétraction musculaire corrélée aux douleurs post-opératoires et du risque thrombotique.

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Les rayons reçus lors de la captation d’images sont-ils nocifs pour le patient?

Dr Antoine Dinichert: Le risque lié aux rayonnements n’est certes pas nul, mais le bénéfice de l’opération pour le patient reste supérieur au risque.

Il s’agit de rayons X, comme lors de la fluoroscopie que nous utilisions auparavant, en sachant que la technique dite «free hand», sans imagerie donc sans irradiation, est depuis longtemps proscrite en raison de l’important taux de complications.

L’O-arm® 2 dont nous sommes équipés à la Clinique La Colline, permet de réduire jusqu’à 50% l’irradiation par rapport au premier modèle. Selon la pratique du chirurgien, son utilisation permet aussi d’éviter le scanner de contrôle post-opératoire et par conséquent, de moins exposer le patient.

 

 

Quelles sont les prochaines étapes dans le développement des techniques opératoires en neurochirurgie?

Dr Antoine Dinichert: Les techniques chirurgicales et les indications sont à ce jour très bien maitrisées. Le développement va se faire sur les moyens technologiques à disposition, en diminuant encore plus dans le futur les doses d’irradiation, en améliorant le volume de l’appareil (qui est aujourd’hui significatif) et la convivialité de son utilisation, puis en améliorant le matériel que nous posons, afin qu’il soit compatible avec les tissus humains (nous rêvons d’une vis résorbable !), du matériel de greffe infaillible…

Un peu d’histoire

L’appareil O-arm® a été développé par 3 ingénieurs qui décidèrent de quitter la société General Electric à la demande de 15 neurochirurgiens spécialistes du rachis. Ils avaient le projet de s’associer pour concevoir un appareil d’imagerie médicale ultra performant et novateur.

Ces derniers ont ainsi développé un cahier des charges précis, répondant parfaitement à leurs besoins et leur permettant de se passer des C-arm (appareil réalisant uniquement des images en 2D). C’est ainsi que le premier prototype fut créé par la société Medtronic en 2003 combinant la technologie 2D et 3D.

En 2015, La Clinique La Colline fait partie des 2 premières cliniques au monde acquérir la deuxième génération d’O-arm®.

 

Visionnez la captation d’image 3D: