Plus d’un adulte sur dix en Suisse souffre du syndrome du côlon irritable. La maladie la plus fréquente du tractus gastro-intestinal est certes sans danger pour la santé, mais les fortes diarrhées et les crampes abdominales qu’elle occasionne limitent considérablement la qualité de vie des malades. Une alimentation adaptée reposant sur le concept FODMAP peut apporter un soulagement. 

De 10 à 15 % des personnes vivant en Suisse souffrent d’un côlon irritable. Les femmes sont deux fois plus touchées par le côlon irritable que les hommes. La cause exacte de ce syndrome n’est toujours pas connue à ce jour. On suppose qu’une hypersensibilité des nerfs intestinaux est impliquée en association avec différents facteurs – stress, troubles du sommeil et hormones. Le côlon irritable est diagnostiqué à partir des antécédents médicaux, des symptômes et de l’exclusion d’autres causes organiques éventuelles. Il est parfois nécessaire de réaliser une coloscopie pour exclure d’autres causes.

Les symptômes typiques d’un côlon irritable sont des douleurs abdominales ou gastriques du type crampe, la constipation et/ou la diarrhée chronique ainsi que des ballonnements durant plus de 3 mois, ou plus longtemps. Ce diagnostic ne représente aucun danger pour la santé. Un côlon irritable ne favorise pas le développement de maladies intestinales chroniques telles que la maladie de Crohn ni la formation de tumeurs dans le tractus gastro-intestinal. Les douleurs abdominales permanentes et les diarrhées récurrentes ont des répercussions considérables sur la vie des personnes atteintes et limitent leurs capacités.

Les symptômes et les causes d’un côlon irritable sont très divers, et les possibilités de traitement le sont donc tout autant. Les études montrent que, outre un traitement médicamenteux ou une gestion active du stress, une alimentation adaptée permet de soulager le côlon irritable, d’éliminer les crampes et d’atténuer les symptômes.

Régime FODMAP pour les patients atteints de côlon irritable

Les scientifiques ont observé une corrélation entre les symptômes d’une personne atteinte et la consommation d’un certain groupe de glucides: les FODMAP. Cet acronyme anglais signifie fermentable Oglio-, Di-, Monosaccharides and Polyols, en français: oligosaccharides, disaccharides, monosaccharides et polyols fermentescibles. Ils appartiennent au groupe des glucides à chaîne courte et des sucres d’alcool (des exemples de FODMAP sont présentés dans le tableau nutritionnel ci-dessous). Les FODMAP sont contenus dans de nombreux aliments et ne posent aucun problème aux personnes en bonne santé, dans la mesure où ils sont presque entièrement dégradés et résorbés dans l’intestin grêle.

Ce n’est pas le cas, en revanche, chez les personnes atteintes du syndrome du côlon irritable. Il arrive chez ces dernières que les FODMAP ne soient pas entièrement dégradés et qu’ils parviennent ainsi jusqu’au côlon. En raison de leur niveau de dégradation variable, certains d’entre eux transportent du liquide dans l’intestin tandis que d’autres forment des gaz lorsqu’ils sont dégradés par les bactéries. Il en résulte des symptômes désagréables pour les patients. La suppression ou la réduction de la consommation de ces FODMAP entraîne une moindre absorption d’éléments nutritifs non digestibles dans l’intestin grêle, soulageant ainsi les symptômes.

La science a prouvé que les personnes atteintes de côlon irritable pouvaient réduire leurs symptômes en adoptant un régime pauvre en FODMAP, et ainsi améliorer leur qualité de vie de 70 %. Comme l’étude «The Dietary Management of Patients with Irritable Bowel Syndrome» de 2019 le montre,  un régime alimentaire pauvre en FODMAP constitue la méthode la plus efficace pour traiter le syndrome du côlon irritable. C’est pourquoi il s’avère particulièrement utile d’examiner plus en détail l’alimentation pauvre en FODMAP.

Important: le changement d’alimentation recommandé est un régime d’exclusion, aussi devrait-il toujours être mis en œuvre avec l’aide d’un médecin ou d’un nutritionniste afin d’éviter tout risque de malnutrition et de perte de poids excessive.

Le régime FODMAP en 3 étapes

Le régime FODMAP se déroule en 3 étapes et exige une planification rigoureuse et la tenue d’un journal alimentaire.

Étape 1: suppression stricte des FODMAP

Lors de la première phase du régime, les aliments riches en FODMAP sont rigoureusement supprimés et remplacés par des aliments pauvres en FODMAP (voir tableau). Ce changement d’alimentation doit s’étaler sur 6 à 8 semaines. Il vise à évaluer si une amélioration est constatée. Cette phase n’est en aucun cas adaptée à un régime de longue durée et est essentiellement destinée à l’observation détaillée des symptômes et des troubles. En cas d’amélioration, il est alors possible de passer à l’étape 2.

Extrait d’un tableau nutritionnel des FODMAP:

Aliments pauvres en FODMAP Aliments riches en FODMAP
Produits laitiers Lait sans lactose et yaourt, beurre, fromage Lait, séré, fromage frais, crème fraîche, lait concentré
Fruits Banane, kiwi, orange, raisin, framboise, fraise, ananas Pomme, abricot, figue, cerise, mangue, pruneau, poire
Légumes Aubergine, brocoli, haricots verts, chou-rave, courge, chou-rouge, tomate, poivron, courgette Oignon, maïs doux, champignons, asperge, betterave, choucroute, petits bois, poireau, ail
Céréales Riz, pomme de terre, millet, quinoa, sarrasin, polenta Blé, seigle, orge, amaranthe, blé vert, boulghour, Ebly
Édulcorants Sucre, sirop d’érable Miel, concentré de jus de poire
Boissons Café, thé à la menthe, vin, bière Jus de fruits, tisane de camomille, rhum

 

Ce tableau prend pour base la teneur en FODMAP de chaque aliment. Par exemple, le lactose est un disaccharide et est contenu dans les produits laitiers. C’est pourquoi les produits laitiers sans lactose sont recommandés, et non les autres.  

Étape 2: phase de test

Lors de la phase de test, il est essentiel de tenir un journal d’alimentation. À partir de la phase 2, on réintègre au menu certains aliments contenant des FODMAP en quantités différentes. Ce principe permet de personnaliser l’alimentation et d’identifier les aliments et quantités qui déclenchent des symptômes et ceux qui n’en déclenchent pas. L’alimentation se diversifie à nouveau et tous les aliments qui sont consommés sans provoquer de symptômes deviennent partie intégrante du régime à long terme.

Étape 3: alimentation personnalisée à long terme

Tous les aliments bien supportés lors de la phase 2 sont à présent intégrés au menu.

La méthode FODMAP promet un soulagement des symptômes, mais pas leur guérison. Elle représente une chance pour toutes les personnes atteintes. Cette nouvelle approche peut apporter une certaine sécurité et offre une direction. Pour atteindre le meilleur résultat possible, il est important de prendre son temps, d’effectuer une planification rigoureuse en amont, d’examiner la liste des ingrédients au supermarché et de cuisiner soi-même. Il est également utile de boire en quantité suffisante et de gérer son stress de manière active. Ainsi, votre intestin retrouvera enfin sa sérénité.

Autorin: Ewa Heimerdinger, Spezialistin von Uplyfe, der Gesundheits-App.

Être à l’écoute de son ventre

 

Sources: